MARTIN MEY

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Il y a des artistes dont on reconnait le talent à la première note jouée. Martin Mey en fait incontestablement partie. Ses mélodies acoustiques, aux confins du folk, de la soul et du trip-hop, toucheront de plein fouet l’auditeur lambda comme le plus averti. Longtemps seul sur scène, Martin Mey est désormais accompagné par le non moins talentueux Laurent Tamagno (Hannah) à la batterie. Rencontre.

 

Peux-tu revenir sur ton parcours et sur la naissance de Martin Mey ?

J’ai fait des études sans rapport avec la musique, sciences-po à Aix notamment. Mais je fais de la musique depuis tout jeune, en autodidacte. Je me suis d’abord mis au piano, puis à la guitare. Au début, le chant n’était pas trop mon truc. Je me suis mis à jouer dans des groupes, avant de me rendre compte que j’étais capable de chanter mes propres chansons.

Le projet Martin Mey a commencé sur scène début 2008, avec des chansons que je travaillais depuis quelques années, tout seul dans mon coin. Je me demandais un peu comment j’allais les mettre en scène. J’ai commencé en solo au départ, parce que je ne voyais pas les choses autrement. C’étaient des chansons très personnelles, introspectives. Tout cela m’a amené à avoir une loop station entre les pieds, et à développer mes morceaux autour de la boucle.

 

« Martin Mey » ? Nom de scène ou vrai nom ?

C’est un nom de scène. C’est mon vrai prénom, mais pas tout à fait mon vrai nom. C’est une version tronquée, il n’y a pas vraiment de sens, je trouvais juste que ça sonnait mieux.

 

Ton univers est plutôt folk avec une musique léchée, tantôt triste et mélancolique, tantôt plus enjouée. Martin Mey est aussi fait de tristesse et de joie ? De rires et de pleurs ?

Oui, comme tout le monde. En fonction des auteurs compositeurs et interprètes, on l’exprime de façon différente. Moi, c’est vrai que j’ai plutôt tendance à exprimer des choses mélancoliques, un petit peu pour les évacuer. Après, j’ai aussi un côté swing et soul, mais pour moi c’est une musique qui véhicule également de la mélancolie. C’est ce point commun qui me permet de naviguer de la chanson triste mélancolique à la chanson soul un peu plus rythmée. Les deux expriment un peu les mêmes choses. Mes chansons sont un peu une manière de me libérer de mes angoisses.

 

Pourquoi avoir fait le choix d’utiliser des boucles plutôt que de vrais musiciens ? Qu’est-ce qu’elles t’apportent ?

C’est un mélange de plusieurs choses. Ça s’est fait un peu naturellement, de manière empirique. Si j’ai été vers la boucle, c’est qu’au départ j’étais tout seul et qu’à ce moment-là je ne voyais pas mon projet autrement qu’en solo. La boucle était un moyen d’être plusieurs sur scène… tout en étant seul. Après, je l’ai beaucoup développé, tout simplement parce que musicalement, ça m’éclate ! Ça permet énormément de possibilités, notamment vocales. Mais mon but n’était pas de rester sur un projet solo. Je voulais faire exister mon projet, en attendant de me sentir à l’aise et de pouvoir greffer des musiciens.

 

Tu expérimentes justement une nouvelle formule en duo avec Laurent Tamagno (batteur du groupe Hannah). Comment s’est faite la rencontre ?

On s’est rencontré sur une date Découvertes du Printemps de Bourges, fin 2011. Laurent était avec Hannah, et moi j’étais là, seul. On avait bien sympathisé. A ce moment-là, je m’étais vraiment dit que si à un moment donné, j’avais besoin d’un batteur, ça me plairait bien de le lui demander. Quelques mois plus tard, je me suis bien entouré professionnellement parlant, notamment avec l’agence Internexterne avec qui je travaille. En termes de développement, ça paraissait être le bon moment pour passer au moins à deux, gagner en impact scénique et élargir un peu la palette. Le choix du batteur s’est imposé, et j’ai pensé à Laurent.

 

On peut imaginer d’autres musiciens en plus ?

Oui, complètement. Quelque part, le duo est une étape, une période enrichissante, bien que compliquée avec tous les arrangements à revoir. C’est difficile de faire jouer par deux musiciens tout ce que je faisais passer par les boucles. Mais si l’on continue à s’orienter vers un style un peu plus rock avec des influences soul, ça donne forcément envie de rajouter des cuivres et des choristes derrière…

 

Quels sont les thèmes de prédilection que tu abordes dans tes chansons ?

Ce sont quasiment tous des thèmes très personnels. C’est-à-dire des réflexions et des questionnements qui me concernent. Mes chansons sont introspectives, elles parlent de moi avant toute chose. En général, je raconte des périodes de ma vie, les expériences que je traverse. Je ne fais pas de chansons engagées ou autres. Ce sont soit des chansons très personnelles, soit des histoires vécues par d’autres que je m’approprie.

 

Tu chantes en français sur le clip « Il faut », titre que l’on ne retrouve ni sur ton EP, ni sur ton album. Le choix du français était juste un « test » ou c’est quelque chose que tu peux être amené à refaire ?

C’est quelque chose que j’aimerai bien refaire, oui. Je pars parfois dans des directions très différentes. Cette idée m’est venue un jour, j’ai réussi à la faire sonner et je trouvais ça chouette. Le morceau fonctionne bien, même s’il est très éloigné de ce que je fais actuellement. Je ne l’ai pas mis sur le disque parce que ce n’était pas cohérent avec le reste. Quand je chante en français, je n’arrive pas pour l’instant à faire sonner la langue avec la musique que j’ai envie de faire. Je peux avoir des textes en français, mais je ne sais pas comment les intégrer pour le moment. Ce n’était donc pas un test. J’ai vraiment envie d’y revenir, mais je n’ai pas encore trouvé la formule pour le faire.

 

Quelques mots sur ta résidence passée à la MJC Picaud de Cannes. Ça a été une expérience enrichissante ?

Oui, c’est toujours enrichissant de pouvoir travailler dans des conditions de scène, d’autant plus pour un projet encore tout neuf. Ce qu’on en retient surtout, c’est que ça a été l’occasion de commencer à travailler avec un ingénieur son, Thomas Zagami. C’était la première fois et ça a été une très bonne étape de travail. Cela a permis d’avoir une oreille extérieure qui vienne donner quelques avis et pistes. Au lieu d’être enfermés à deux dans une cave à essayer d’avancer, je suis très preneur d’avis et de compétences en plus.

 

En parallèle de tout ça, tu travailles avec des enfants ?

Oui, à Maubeuge dans le Nord-Pas-de-Calais. J’ai déposé une candidature pour le projet Clea (Contrat local d’éducation artistique), et j’ai été choisi avec 4 autres artistes de différents domaines pour accomplir des gestes artistiques auprès des enfants de la région. C’est assez vaste comme dispositif. Je passe 4 mois là-bas, entre décembre et mai, et je suis complètement débordé… C’est le genre de projet très enrichissant que j’aime beaucoup mené. Le fait d’être confronté à des univers différents, avec d’autres artistes et des enfants spontanés, cela nourri énormément la création. Je suis là pour montrer ce que je fais et ma manière de travailler et ça me permet d’avoir une réception sur le processus. Ça m’inspire plein de choses différentes qui me sortent de mon cadre habituel, et ça m’oblige à créer de nouvelles choses.

 

Des projets en cours, à venir ?

Pour l’instant, le plus important pour moi, c’est le développement du duo pour la scène. On a déjà fait quelques dates, mais la première dans le sud sera celle du 13 avril à la médiathèque Albert Camus d’Antibes.

 

Matthieu Bescond
Le 13/04 à la médiathèque Albert Camus – Antibes (06) et le 28/06 dans le cadre du Festival des Nuits Carrées – Antibes (06).

www.martin-mey.com

 

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