CARPENTER BRUT

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Groupe phare du genre synthwave, Carpenter Brut s’est fait une place de choix dans le milieu underground electro en France. Inspiré par le réalisateur John Carpenter, il associe à merveille une rythmique robotique à des synthés violents et sanguinaires. Synthèse parfaite entre culture métal et musique électronique, Carpenter Brut s’expose en général peu aux médias, il a tout de même accepté de participer à cet entretien.

 

Quand et comment est né le projet Carpenter Brut ?

 Le projet est né fin 2011, début 2012.

 

Ta musique emprunte aussi bien au métal (ou hard rock, du moins) qu’à la musique électronique. A l’origine, tu es plutôt rock. Comment en es-tu venu à l’électro ?

 Effectivement j’écoute du rock depuis longtemps. Mais j’ai fait quelques incursions dans l’électro en parallèle, avec The Prodigy ou Chemical Brothers. En tout cas je suis loin d’être un spécialiste de la scène, je ne connais aucun noms actuels mis à part Gesaffelstein, SebastiAn ou Justice par exemple. L’idée de départ c’était juste d’avoir un projet musical qui se monte facilement, avec juste un ordi, sur lequel je pouvais travailler à tout moment, sans aller en répètes et les passer à picoler.

 

De quels groupes de hard rock ou de métal t’inspires-tu ?

 Dans Carpenter Brut, aucun. Je veux dire par là que je n’essaie pas de faire des morceaux comme tel ou tel groupe. Par contre il est clair que l’envie d’avoir des morceaux qui tapent vient de mon passif metal.

 

De quels groupes d’électro t’inspires-tu ? (Je trouve qu’il y a des similitudes entre toi et Justice puis Kavinsky, peut-être Toxic Avenger ou Uppermost, et dans certains de tes morceaux, j’ai l’impression que tu as samplé un peu de SebastiAn et de Bloody Beetroots, mais je me trompe peut-être ?!?)

Oui tu te trompes parce que je ne sample personne. Au début je bossais à partir de samples, mais je n’étais jamais satisfait du résultat. Donc dans les trois EP, il n’y a pas de morceaux à base de sample.

Pour les influences, j’aime bien le morceau Testarosa Overdrive de Kavinsky. Il a une bonne dynamique et la lead principale est vraiment cool. Elle m’a inspirée. Mais c’est surtout Justice et leur son. C’est vraiment le truc que j’attendais dans l’électro, sûrement parce qu’il y’a un côté rock aussi dedans. Sans oublier SebastiAn.

 

Que raconte ta musique, quel est le concept de tes trois premiers EP et de la trilogie que tu en as tiré, s’il y en a un ?

Les trois thèmes abordés sont l’horreur, les films d’action et l’apocalypse. Ce sont vraiment trois thèmes qui me tiennent à cœur, parce qu’ils font partie des films de genre que je préfère regarder. Il y’en a d’autres encore, ça me laisse donc pas mal de possibilités pour les prochains EP ou albums.

Ça me paraissait important d’avoir des thèmes de départ pour baliser les compositions, ça évite ainsi de partir dans tous les sens et faire n’importe quoi.

 

Que représente la croix retournée présente sur toutes les pochettes de tes EP ?

 Un clin d’œil à Justice.

 

Les visuels de tes albums sont d’ailleurs superbes et très efficaces. Pourquoi un tel choix artistique et visuel ?

Je trouvais ça à la fois cool et pratique de travailler à partir de photos. Il y’a quelque chose qui rapproche la musique à la réalité bien qu’on soit dans de la fiction pure. Cette ambivalence me branchait bien. Et pour le côté pratique, au début, je n’avais pas un rond pour me payer des graphistes donc c’était la solution la plus simple.

Par la suite j’ai voulu plus travailler avec les Førtifem, qui avaient réalisé mon logo et tous mes visuels de t-shirt. Ils ont donc participé au visuel de la trilogie. Et dès que j’ai besoin de quoi que ce soit, c’est eux qui s’y collent.

 

Et d’où vient le côté électro vintage façon années 80 que tu développes dans ta musique ?

De mon enfance. Si j’avais grandi dans les années 90 j’aurais surement fait de l’électro Grunge Vintage.

 

Tu sembles avoir des liens avec le cinéma, être proche des séries B américaines, des films de science-fiction ou d’horreur. Quels sont les films ou réalisateurs qui t’inspirent pour créer ta musique ?

Romero, Hooper, Carpenter évidemment, Spielberg, Lucas… la liste risque d’être longue. Comme pour la musique, tout ce qui m’a fait rêver quand j’étais gamin. Tu ne peux pas regarder les Goonies sans avoir envie de prendre ton BMX avec tes potes et partir à la recherche d’un trésor.

Je ne sais pas si les films font encore rêver les gamins, mais à mon époque, on a eu les meilleures franchises au cinéma.

 

Pour quel genre de film ou pour quel réalisateur souhaiterais-tu faire une bande originale, si tu en avais l’occasion ?

Franchement aucun en particulier. Allez, pour répondre quelque chose, je dirais la B.O du prochain Blade Runner.

 

Il y a une dimension violente dans ta musique (qui se réfère d’ailleurs à des films tels que ”Orange Mécanique” et l’univers de Quentin Tarantino pour le clip de “Roller Mobster” ou encore à “Psychose” dans le clip de « Le Perv’ »). Pourquoi la violence est-t-elle une caractéristique omniprésente dans ta musique, dans une certaine mesure ?

Parce que sinon je m’ennuie. Les histoires à la française, celles qui racontent la vie d’un couple, elles m’ennuient. Je préfère quand ça va vite, ça crie fort et ça explose. Et pour la musique c’est la même chose.

 

Ton univers musical et visuel (de tes clips, donc) semblent également très tournés vers les Etats-Unis, et particulièrement la Côte Ouest (Los Angeles, Venice Beach…). Pourquoi une telle fascination pour cet univers ?

Les trois quarts des films que j’ai vus se passent là-bas. C’est pas forcement mieux qu’ailleurs, quoi que, c’est juste que mon cinéma il se passe sur une plage ou dans un building. Après, si j’avais fait une musique plus sombre et gothique, c’est clair que j’aurais choisi un autre environnement. Mais les années 80 c’est l’Amérique, c’est comme ça.

 

Faire de tes trois premiers EPs une trilogie était-il quelque chose que tu avais préparé longtemps à l’avance ?

Complètement. Et tu noteras que chaque EP a 6 morceaux.

 

Le but de cette trilogie était-il de faire quelque chose d’homogène, ou au contraire, quelque chose d’assez varié et différent selon les EP ?

Un peu des deux. Le but entre chaque EP était d’abord d’améliorer ma composition. Mais comme on ne se refait pas non plus, je n’allais pas changer le style à chaque fois. Je pense qu’au final ils sont différents techniquement, mais la vibe est la même sur les trois.

 

Tu ne souhaites pas que l’on sache d’où tu viens, ni à ce que l’on voit ton visage dans les médias. Pourquoi, à la manière de Daft Punk, préfères-tu cacher, préserver ton identité ?

La musique est toujours plus importante que celui qui la fait. Quand je vois des groupes qui postent leur gueule en permanence, devant les salles, sur scène avec le public derrière, en train de manger etc… ça me gonfle. La sur-médiatisation tue le projet initial. T’en viens à détester les mecs, haha. Du coup j’ai choisi le concept de promouvoir la musique et les visuels, et c’est tout. Ça me semble plus intéressant que ce que je mange.

 

Ta musique semble trouver un écho particulier à l’étranger. Comment expliques-tu cet engouement en dehors des frontières hexagonales ?

Je ne vois pas pourquoi un artiste français devrait être connu uniquement en France. Avec internet la musique trouve un écho partout. Et le fait de ne pas me montrer, ni dire d’où je viens fait aussi que ça ne cantonne pas le projet dans une case restreinte. Souvent je lis « Ha mais il est français en plus ? » Et nul n’est prophète en son pays, parles-en à Phoenix ou Tahiti 80 par exemple. On a longtemps eu ce complexe d’infériorité en France, qui tend à se dire « ho le marché mondial il n’est pas pour nous, si déjà on vend en France ça sera bien » Je ne crois pas que ce soit le discours des anglo-saxons. On fait de la musique pour des gens, pas pour un marché. Enfin, quand on fait ça honnêtement.

 

Quels sont tes projets à venir ? Une deuxième trilogie ?

Non, d’abord un album live, histoire de clôturer la trilogie et un album studio pour 2018, avec une tournée à suivre. Ça me va très bien comme ça.

 

Adrien Leveque

Le 03/12/16 à Paloma – Nîmes (30) et le 08/12/16 au Poste à Galène – Marseille (13).

www.facebook.com/carpenter.brut

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